Le Brexit semble témoigner d’un repli du Royaume-Uni sur ses intérêts nationaux, aux dépens d’une politique de stabilisation de long terme au sud de la Méditerranée. Comment ces transformations vont affecter le Moyen-Orient et ses dynamiques actuelles ? L’Europe parviendra-t-elle à tirer parti de ce virage pour se faire entendre d’une seule voix dans la région ?
Les élections législatives britanniques du 8 juin dernier ont eu l’effet d’un coup de théâtre sur la scène politique outre-manche. En perdant sa majorité parlementaire, la Première ministre Theresa May a aussi considérablement réduit sa marge de manœuvre dans les négociations du Brexit, lancées le 19 juin dernier. Si la tournure que prendront ces négociations est pour le moment incertaine, certains s’interrogent déjà sur les répercussions qu’une sortie britannique de l’Union européenne (UE) aura sur le reste du monde. Le Moyen-Orient, où les enjeux économiques et géopolitiques sont particulièrement forts pour l’Europe, se trouve en première ligne de ces bouleversements. Dans un rapport publié le 2 mai dernier1, la Chambre des Lords s’inquiétait de l’impact que pourrait avoir le Brexit sur la région, et s’interrogeait sur le rôle que devra y jouer l’Europe à un moment où la politique étrangère des Etats-Unis apparaît plus imprévisible que jamais.
Si le Brexit ne devrait avoir qu’un impact limité sur les relations politiques et économiques du Royaume-Uni avec le Moyen-Orient, il traduit néanmoins un contexte plus général de transformation des priorités et de recentrage sur des intérêts nationaux de court terme aux dépens d’une appréhension plus large des crises régionales et de leurs causes profondes.
1 « The Middle East: Time for New Realism », Chambre des Lords, deuxième rapport de la session 2016-17, consulté le 15 juin 2017 :
https://www.publications.parliament.uk/pa/ld201617/ldselect/ldintrel/159/159.pdf
La Première Ministre britannique Theresa May et le roi d'Arabie saoudite en décembre 2016 (c) Tom Evans, Crown Copyright.
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