Le Forum de l’OCDE se tenait à Paris les 6 et 7 juin 2017 dans un contexte de défiance vis-à vis-des institutions internationales. La décision de Donald Trump de sortir de l’accord de la COP 21, annoncée le 1er juin dernier, résonne dans les discussions. Les préoccupations des économistes concernant le climat se sont amplifiées, avec l’objectif de trouver des solutions durables.
Lors de la session inaugurale du Forum, Angel Gurrìa, le Secrétaire général de l’Organisation, a présenté avec gravité les principaux enjeux mondiaux devant un public conquis. Dans son discours, l’économiste mexicain a déploré les coûts humains de la mondialisation. Au fil des conférences, les débats se sont effectivement centrés sur un sujet peu commun pour l’institution économique : les clivages et les inégalités actuelles.
L’effet Trump
« Make America sicker again » (« rendre l’Amérique encore plus malade ») critiquait le 6 juin Philip J. Jennings, Secrétaire général du TUAC, le Trade Union Advisory Committee, ou commission syndicale consultative de l’OCDE.
Les déclarations sur le climat de Donald Trump ont-elles un effet boule de neige ? Le président américain a effectivement affirmé le 1er juin : « L’accord de Paris est vraiment injuste vis-à-vis des Etats-Unis ». Bien que cela a été une promesse phare de sa campagne, la décision américaine de sortir de l’accord de Paris a provoqué l’indignation au sein de la communauté internationale. Les États se mobilisent, à la lumière de la formule du président français Emmanuel Macron : « Make Our Planet Great Again » le 2 juin, isolant progressivement la position climatique américaine.
Cette opposition s’est faite sentir dès l’ouverture du Forum de l’OCDE. La princesse héritière Mary du Danemark fait du réchauffement climatique une priorité internationale : « Un des défis majeurs de cette année est le changement climatique. Le succès de l’OCDE dépendra de la manière dont on le combattra. »
SAR la princesse Mary de Danemark, Forum de l'OCDE, 6 juin 2017.
Shiji Gao, directeur et chercheur au sein de l’institut chinois Development Research Center of the State Council (DRC) s’est indigné de la décision de Donald Trump : « Son annonce a été un choc, mais c’était prévisible et c’est révélateur des divergences de perceptions entre les pays en voie de développement et les pays développés ». La Chine s’engage à renforcer ses politiques publiques en faveur de l’environnement. Un des pays les plus pollueurs au monde a pris ses responsabilités lors de la COP21 en décembre 2015, notamment en matière d’émissions de carbone, et n’entend pas revenir sur sa décision.
Pourtant, le président américain s’est bien désolidarisé de l’Accord de Paris : comment les objectifs climatiques de la COP 21 sont-ils encore envisagés ? Quelles sont les solutions concrètes discutées au Forum de l’OCDE pour porter une transition climatique difficile ?
Pour l’Institut Open Diplomacy, Ramiro Fernandez confie ses positions sur l’environnement. Directeur du « Climate Change, Foundation AVINA », un groupe du Centre français des Fonds et Fondations qui relie ente elles les entreprises qui s’intéressent aux questions environnementales, il affirme une vision optimiste de la transition climatique et de l’agenda 2030, compatible avec les nouvelles technologies : « Les objectifs de développement durable sont pour la plupart reliés aux grandes problématiques du réchauffement climatique. Ainsi, les États-Unis sortent des accords de Paris mais cela ne change pas les buts de l’agenda qui sont déjà fixés sur quinze ans ».
Quelles solutions pour la transition climatique ?
Concernant les nouvelles technologies, Ramiro Fernandez explique : « Nous avons trouvé avec l’eau ou l’énergie des solutions climatiques communes. Un exemple concret : le réseau d’ONG en Inde et au Nord-Est du Brésil, l’une des régions les plus arides de la planète, collecte l’eau de pluie pour permettre un accès à l’eau potable aux communautés. L’OCDE soutient depuis peu ces initiatives ». Car l’économie mondialisée passe aussi par les innovations technologiques. Un nouveau rapport de l’OCDE intitulé « Investing In Climate, Investing in Growth » paru en mai dernier corrobore cette position.
Panel avec notamment Isabelle Kocher, PDF d'Engie, Forum de l'OCDE, 6 juin 2017.
D’autre part, Isabelle Kocher, PDG d’Engie depuis mai 2016, et qui ambitionne de faire de son groupe le « leader de la transition énergétique », cite les trois missions stratégiques pour le climat : « les « 3 D », Décarbonisation, Décentralisation et Digitalisation ». L’enjeu principal est de savoir si le marché est assez mature pour financer ces technologies très couteuses.
Céline Charveriat, directrice du think-tank Institute for European Environmental Policy, suggère que l’Organisation mondiale du Commerce (OMC) établisse une feuille de route prenant en compte notamment des tarifs douaniers différenciés pour les produits verts, sans tomber dans le piège protectionniste. Elle propose également la création d’une entité indépendante rattachée à l’OMC pour intégrer les questions environnementales au commerce international.
Ramiro Fernandez avait évoqué des réponses concrètes : « il faut travailler non seulement avec l’innovation technologique mais aussi favoriser les initiatives à l’échelle locale. Nous avons de véritables solutions, leurs bénéfices pour le changement climatique au cours des dix années à venir vont s’accélérer. La situation ne sera pas comparable, je suis optimiste ».
En effet, ce dernier nous a fait part d’un site créé à la suite de la déclaration de Donald Trump démontrant que l’accord de Paris est toujours soutenu aux États-Unis par une partie de l’opinion publique. Créé le 5 juin au soir, le site « werestillin.com » a été créé en vue de rassembler les acteurs locaux en opposition à la politique américaine.
À un moment crucial pour les perspectives environnementales et économiques de la planète, le Forum de l’OCDE ambitionne de penser de nouveaux modèles de développement inclusif et durable. La révolution digitale est au cœur de ces réflexions. Face au potentiel offert par les nouvelles technologies, un vent d’optimisme est palpable dans les débats. Angel Gurrìa l’affirme : « C’est notre mission de construire un monde meilleur. C’est pour cela que l’OCDE a été créé ». La réunion du Conseil au niveau des Ministres les 7 et 8 juin à la suite du Forum nous dira si le pragmatisme, incontournable afin de mettre en place des politiques réalisables, finira par primer.
Légende de la photo en bandeau : Angel Gurrìa, Secrétaire général de l'OCDE, Forum de l'OCDE, 6 juin 2017.
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