Fin 2019, la France a terminé sa présidence du G7 après une année particulièrement active en matière de diplomatie féministe. Et Paris continue ses efforts en accueillant, en juillet 2020, le “Forum Génération Egalité” qui marquera le 25e anniversaire de la déclaration de Pékin sur l’égalité entre les femmes et les hommes. L’objectif ? Créer de nouvelles coalitions, conjugant les forces du secteur public et le secteur privé, pour faire avancer la cause.
Face aux ambitions progressistes affichées par la France, ce sont les Etats-Unis et l’Arabie Saoudite qui présideront respectivement le G7 et le G20. On peut s’interroger sur les progrès possibles dans ce contexte. Pour cela, commençons par faire le bilan de ce “G7 féministe” de 2019.
La voix des jeunes a été entendue par la présidence française du G7
Au sein du G7, les jeunes se sont organisés par le Y7. Tout au long de l’année préparatoire du sommet de Biarritz, axé sur la réduction des inégalités, nous avons consulté nos concitoyens pour préparer nos recommandations. 116 solutions ont été proposées au Président de la République, Emmanuel Macron, et à Marlène Schiappa, la Secrétaire d’Etat chargée de l’égalité femmes - hommes. Plusieurs d’entre elles ont déjà été entendues.
Premier résultat, la France a confirmé qu’en 2020, et sans attendre un premier impayé, elle mettrait en place un intermédiaire gouvernemental pour collecter les pensions alimentaires sur demande d’une des parties. L’objectif est de mieux protéger de la pauvreté et de la précarité les mères célibataires.
Deuxième avancée, le gouvernement français a également annoncé un projet de loi sur l’autonomie économique des femmes. Il comportera notamment l’obligation de la parité dans les comités exécutifs des entreprises, complétant ainsi la loi Copé-Zimmermann qui l’avait déjà imposée dans les conseils d’administration.
Le G7 a pris des mesures féministes tangibles
A la présidence du Groupe, la France a encouragé ses homologues du G7 à mettre en œuvre au moins une mesure favorisant l’égalité des genres parmi un “bouquet” des meilleures lois au monde en la matière. C’est un pari gagné car, pour la première fois, les pays participants ont accepté de lister les engagements pris.
La France développe une loi visant à promouvoir l’entreprenariat des femmes, à soutenir les PME dirigées par des femmes, par la voie notamment de la Banque Publique d’Investissement et de l'Agence des participations de l'État. Encore une des recommandations du Y7 adoptée.
Le Canada renforce considérablement sa diplomatie féministe aussi. Objectifs ? L’égalité entre les femmes et les hommes et l’autonomisation des femmes et des filles. 95 % de l’aide publique au développement canadienne cibleront des projets spécifiques ou intègrement clairement l’égalité femmes - hommes d’ici 2021.
Invité au G7, le Sénégal s’est engagé à durcir les peines pour viol et pénaliser la pédophilie. Ce pays adoptera prochainement la réforme pénale en question doublant les peines afférentes, avec des circonstances aggravantes pour les criminels qui sont des ascendants de la victime.
On pourrait égrener ainsi les exemples… Mais regardons ce qu’il reste à accomplir. Le Y7 appelait le G7 à traiter plus fermement les violences sexuelles et sexistes en référençant le harcèlement en ligne comme un crime, en mobilisant les plateformes digitales pour signaler les cas de harcèlement aux autorités judiciaires.
En somme, la diplomatie féministe a encore beaucoup à accomplir. Pour l’anniversaire “Pékin + 25”, la France, en tandem avec le Mexique, poursuit le travail. Mais elle devra composer avec une présidence du G7 et du G20 nettement moins ambitieuse. L’ambition exprimée par le Y7 demeure un horizon que nous continuerons à défendre.